jeudi, décembre 06, 2007

Suicides Goths à Manhattan.

Le moins que l'on puisse dire c'est que Manhattan (CSI : NY) n'est pas la meilleure franchise de la série des Experts. On ne compte plus les fins de scènes où une phrase vide, assenée comme une sentence philosophique, sombre dans le ridicule. Mais hier, surprise, voila que le feuilleton nous montre des punkettes pas rasées, du tatouage gothique intégrale et de la bonne musique underground. Que s'est-il donc passé ?

Tranquillement affalé dans un fauteuil, en train de regarder la télé sans la regarder, et d'un coup le choc. Les Punk Goth de Suicide Girls se trémoussent sur une scène avec une douce mélopée trash-issime en fond sonore.
Mon œil s'illumina devant tant de manifestations de subculture (comme disait mon prof à Sciences-Po).
Qu'est-ce que les SG foutaient là ?

J'avais entendu parler pour la première fois de cette bande d'allumées dans un dossier de Libération, dossier dans il était question ici. Le concept est assez simple. Plusieurs Punk (filles), tatouées, percées, plus ou moins bien foutues mais toutes maquillées avec du charbon en opposition frontale aux critères du glamour, ont créé leur site.

Leur chef : Missy Suicide. Leurs activités : faire de l'érotisme. A leur sauce. Volontairement. Sans souteneur ou mafieux de service. Tout sauf du Playboy ou de la pornographie phallocrate. Leur but : l'avènement du féminisme (voir plus bas). L'exposition de corps imparfaits pour lutter contre la propagande des beautifull people. Une certaine image de la tolérance par l'excentricité.

Free Image Hosting at www.ImageShack.us
Je m'étais arrêté là après la lecture de Libé.
1 - Parce que je ne suis pas très punk dans l'âme, 2 - parce que je suis pas très porn non plus.



Ce fut tout de même une surprise lorsqu'hier des Suicides Girls, chantres de l'anticonformisme, apparurent sur TF1, plus habitué aux beautés vulgaires classiques, de préférence Nordiques ou californiennes, avec du silicone dedans.


Victoria Silvstedt de TF1 : du plastique et du vide.

Etant tombé dessus par hasard, je décidais de mener l'enquête comme un Morandini en herbe. Première leçon, "Filles d'Enfer" se dit en anglais : "Oedipus Hex". Ça commençait bien.

Une jeune fille de 18 ans rêve de devenir une «Suicide Girl». Il s'agit, pour les adeptes de cette nouvelle tendance, de s'adonner à des pratiques sexuelles extrêmes. Lorsqu'elle est retrouvée dans un bain de sang après son show, les experts pénètrent le monde sordide de la nuit afin de retrouver le ou les assassins.
Voila comment le programme était vendu.

Oui sauf que, dans cette épisodes, les SG n'ont aucun lien avec des "pratiques sexuelles", fussent-elles extrêmes, et que le "monde sordide de la nuit" nous est montré sous un angle sympathique, avec beaucoup d'empathie pour ces tatouées extraverties (sur TF1 on dirait habituellement déviantes) finalement sacrément gentilles, et en tout état de cause, innocentes.

Quant à la musique, elle plongeait avec délectation dans le dur et le brutal sans jamais tomber dans la caricature, et encore moins dans la critique réprobatrice... Etonnant.

Et louche.

Ou pourquoi Victoria Silvstedt doit rester loin des barbecues...

Comme il me semblait avoir entendu que les Suicide Girls commençaient à devenir un phénomène de société outre-atlantique, voire un monument de la culture underground, l'enquête s'imposait.

Et tout ne tarda pas à s'expliquer.
L'article de Wikipedia US indique que le site est devenu un réseau social payant, dans le style de Facebook, spécialisés dans les White Trash contemporains et les anticonformistes plus ou moins reconnus.
A commencer par un certain Anthony Zuiker, créateur de... CSI : NY !
La boucle était presque bouclée.

Dans les rangs des SG figurent aujourd'hui des noms célèbres : Courtney Love (meurtrière veuve de Kurt Cobain), Dave Navarro, guitariste légendaire de Jane's Addiction et ancien des Red Hot Chili Peppers, un guitariste d'Anthrax ou la pianiste des Dandy Wharols .
Aux États-Unis, il s'agit d'une véritable révolution et les fans ne cessent d’accroître, au nombre de centaines de milliers. [...] Il s'agit également d'une nouvelle forme de féminisme, puisque les Suicide Girls vivent leur féminité dans des milieux masculins, sans se préoccuper des préjugés et conventions.
in Wikipedia France.


Restait cette foutue musique, matraquage en règle digne du meilleur trash à dancer. On y reconnaissait typiquement la voix de Phil Ancelmo (cf. ci-dessus), leader ultra-tatoué de feu Pantera (sans jeu de mot... le guitariste ayant été abattu sur scène par un fan détraqué)... mais ce pouvait également être Down... non... si... oh et puis pourquoi ne pas regarder sur IMDB ?

Aussitôt dit, aussitôt fait. La réponse tombe.
Pas comme une réplique de CSI : NY.
Plutôt comme une bombe incendiaire. Comme un truc que TF1 a diffusé sans savoir que, pour 52 minutes chrono, elle a été la chaine de la résistance à la culture de masse et à la normalisation des corps.


free music



Une petite claque derrière la nuque de Pascal Nègre, L'Oréal et H&M.

Un petit Noël avant l'heure !


Libellés : ,

1 Comments:

At 02 février, 2008 04:45, Blogger Marie said...

Coucou !

Bel article ! Pour ton info, Brian Molko est également sur SG, tout comme le chanteur de Pantera ;)

Biz !

 

Enregistrer un commentaire

<< Home



Powered by Blogger