dimanche, mai 04, 2008

Les Rivières de Babylone.

"Au bord des fleuves de Babylone nous étions assis et nous pleurions, en nous souvenant de Sion."
Psaume 137, Ancien Testament.

Tout le monde connait la bouse ignoble de Boney M. (qui avait déjà massacré Neil Young) : Rivers of Babylon. En prévision d'un billet chez nos amis de Café Coda (ou pas) renvoyons cette version lamentable dans les limbes acides des Spéciales Disco de TF1 et rendons à César... etc.

Cette chanson est à l'origine un traditionnel Rastafari tiré du "Super flumina Babylonis" du Livre des Psaumes. Petite histoire rigolote, le chœur "Va pensiero" de "Nabucco", l'opéra de Verdi, vient de ce même passage.

Le psaume 137 décrit la nostalgie d'un groupe d'exilés obligés de jouer de la musique et (je résume) d'animer les teufs de leurs oppresseurs de Babylone.
Réunis le long d'un des fleuves de Mésopotamie, ils se souviennent avec tristesse de Sion et de leur enlèvement.

Ces thèmes, à la fois religieux et sociaux, ne pouvaient pas laisser les Raggaemen indifférents.

Les premiers à s'y coller furent, en l'occurrence, les rocksteadies de "The Melodians" pour la BO du film de Jimmy Cliff, "The Harder They Come". Contrairement aux tâches Antillo-Bavaroises, le succès fut au rendez-vous (musical et ce qui n'enlève rien, commercial) .

free music



L'origine spirituelle du titre et les mauvais traitements que lui infligèrent les années 80 appelaient un retour drastique à la source (la sacrée s'entend). Cette fois-ci, c'est Sinead O'Connor qui s'y colle par deux fois, sur son double-album "biblique" Theology, avec cette version Celte, assez dépressive et doucement illuminée (du Sinnead quoi).

Une fois de plus c'est un succès (musical, mais, ce qui n'enlève rien non plus, pas du tout commercial).

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Comme quoi Boney M. a salopé un bon titre qui n'y était vraiment pour rien.

Preuve supplémentaire, s'il était nécessaire, de la culpabilité de ces bousilleurs crypto-Huns dans ce crime de haut sabotage, la reprise instrumentale de Robert Walter, entre Jazz et Boggie, qui met à jour toute la beauté de la construction du morceau.

Ne manque plus, sur cette version, que la voix de Tom Waits et l'on pourrait presque s'imaginer une comédie musicale digne de ce nom sur l'Ancien Testament (j'ai dit "digne de ce nom" et "presque").

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Donc, Boney M. est (au moins) triplement coupable. Comme en plus ça a donné l'idée à d'autres Allemands de la faire... en Allemand (Die Legend Von Babylon) je propose la prison à vie pour tous les fans de ce groupe.

Notons pour finir qu'il existe une foule de reprises, beaucoup amusantes et presque toutes meilleures que la version disco. Citons à la volée celles des Sublimes (acoustique), de Snuff (ska-punk) ou des Neville Brothers.

Et ne citons pas celle de Schytts, groupe de disco suédoise, qui eut la bonne idée de rentrer numéro un dans les classements locaux avec un autre massacre (alias "traduction ") en Suédois cette fois.


Non, n'en parlons pas.






Pour aller plus loin :


De courts extraits de nombreuses reprises du titre sont en écoute ici.

Rien à voir (ou presque), une très belle chanson nostalgique sur Panam qui aurait pu être chantée sur le bord d'un fleuve. C'est extrait du dernier album des Ritas.

Respect (et hommage) à Fred Chichin.


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