jeudi, février 21, 2008

Le Dos du Pirate.

Le pirate a intérêt à avoir les reins bien solides. Après celle du disque, l'industrie du DVD met en effet la sinistrose du secteur sur le dos de la "piraterie".

Il est vrai que le marché français du DVD a vu son volume (nombre ou financier, nulle ne le sait) tomber d'environ 25 %. Ce phénomène ne s'observe, curieusement, qu'en France.

Comme il est bien connu que nos concitoyens sont les champions du monde des flibustiers numériques, le raccourci était inévitable.

Il permet surtout d'éluder les responsabilités des professionnels. Pourtant plusieurs pistes sont beaucoup plus prégnantes à aborder.

La prochaine vétusté de la technologie par exemple ("Pourquoi devrait-on investir dans des DVD basse définition, technologie sans future, que l'on regarde rarement plus de deux fois ?" dit l'un "J'aimerais bien savoir si, dans ces chiffres, on prend justement en compte le fait que le consommateur n'est pas forcément idiot, qu'il est désormais au courant que les supports haute définition arrivent" ajoute l'autre).

Les distortions de prix entre hexagone et reste du monde, encore plus observable sur les CD, est une explication dont l'industrie ne veut pas entendre parler ("Pourquoi y a-t-il entre 9% et 17% HT de différence entre des DVD identiques vendus en Suisse et en France" - un autre renchérit - "Et le prix des DVD... N'est-il pas prohibitif ? Nouvelle version quintuple de Blade Runner (près de 50€) alors que la version final-cut coûtait déjà 25€ (cinéphile = vache à lait). Qu'est ce qui justifie de tels prix alors que dans six mois ces DVD seront bradés sur Cdiscount pour quelques euros ?")

La qualité catastrophique de la production ne peut non plus expliquer que les ventes soient en berne... ("Quand est-ce enfin que l'Industrie comprendra que les clients en ont marre de cette musique "kleenex" et de ces films sans saveur qui innondent les marchés aujourd'hui ?).

Pourtant, à force d'être confronté à des oeuvres pitoyables, le consommateur ne veut plus acheter sans savoir. L'acheteur n'a plus confiance dans le contenu qu'on lui vend.

En ce sens, le piratage (comme le prêt de livres à la bibliothèque) peut être vu, non comme un frein, mais comme une pratique de promotion des ventes.
Malheureusement pour les majors, cette promotion est ciblée. Elle fonctionne uniquement pour les œuvres qui en vallent la peine (oui mais la qualité, c'est subjectif, blabla).

"Quand est-ce que l'Industrie comprendra que le client lambda préfère avoir un support physique dans les mains plutôt qu'un fichier téléchargé ici ou là [mais] qu'avec le pouvoir d'achat en berne, les clients préfèrent écouter et voir AVANT d'acheter ?"

Cette optique permet de résoudre la contradiction que l'industrie élude, car sa théorie du piratage ne l'explique pas : le nombre de DVD est en chute libre certes, mais la fréquentation des salles obscures n'a jamais été aussi élevée ("quid de l'évolution de la fréquentation des salles qui est plus élevée aujourd'hui qu'il y a 10 ans ?" - "la fréquentation du cinéma était moins bonne l'année dernière, les films étaient peut être plus mauvais ?" sous entendu, les DVD de ces films subissent le même sort, l'année prochaine sera certainement meilleure).

La chute du pouvoir d'achat, dans un pays dont la croissance ralentit, ce qui n'est pas forcément le cas ailleurs, devrait également mettre la puce à l'oreille.

Mais surtout, surtout, ce genre d'attaque devrait reposer sur des faits.
Or comme le dit très justement un abonné du Monde :
"Comment expliquer que d'un coté le téléchargement baisse de moitié (les français ont téléchargé deux fois moins en 2007 qu'en 2008) et que de l'autre il est responsable de la baisse continue des ventes des DVD ? Y'a pas une contradiction ?"

Si mon Capitaine ! (seul un pirate de haut rang, un Capitaine donc, peut penser ce genre de théorie anti-patriotico-culturelle... )

Mais après tout, plus la contradiction est grosse, plus elle passe.


Pour aller plus loin :

Tous les extraits de commentaires viennent de la page de réaction des lecteurs du Monde.

Le domaine publique doit aussi les plomber puisque les éditeurs l'attaquent en bonne et due forme.

En attendant, pour voir (ou revoir) gratuitement les films de la naissance du cinéma, une seule adresse (légale) : le « European Film Treasures ».

Ou encore enregistrer les films à la télé et les graver pour pas trop cher avec Luxdisc.

Ou encore Joost, ou Babelgum ou Zattoo, ou etc.


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