lundi, janvier 28, 2008

Alice Au Pays Des Merveilles.

Moi, si je voulais faire un article analytique sur la petite Alice du grand Lewis, j'irai lire de ce pas les productions ci-dessous. Je dis ça comme ça, l'air de rien. Avec la futilité d'un lapin blanc qui se taperait un 100 mètres dans les herbes hautes doucement bercées par le vent d'une chaude après-midi d'été ensoleillé dans une prairie paisible de la campagne anglaise.




Pour commencer, une introduction à l'interprétation de Deleuze qui y voit, entre autre, un lien très fort avec l'activité de philosopher :
Il fallait écouter Deleuze parler de cet "essai de roman logique", de cette formidable "construction du sens dans un jeu paradoxal entre sens et non-sens". Deleuze a repris dans son livre Logique du sens (1969) quelques-unes de ses analyses concernant ces deux chefs-d'oeuvre de la littérature pour la jeunesse.

Pour avoir (re)lu tardivement Alice aux pays des merveilles, je découvre que ce monde de l'absurde qui renferme en même temps une logique implacable, (tout peut arriver, tout est possible, rien ne surprend mais tout à sa logique interne) ne pouvait avoir été créé qu'au contact de l'enfance . Alice... est un livre qu'il faudrait lire à 8 ans. Si ce stade-là est loupé, il vaut mieux attendre d'avoir dépassé le demi-siècle pour pouvoir en apprécier la richesse et la fraîcheur. Entre les deux, Alice au pays des merveilles peut paraître "une histoire embrouillée" (le mot est de Deleuze qui parlait souvent à propos de ce texte d'une histoire embrouillée mais dans sa bouche, c'était un compliment) Alice est l'apprenti philosophe soumise qui interroge le maître sur le ton le plus humble et se fait souvent remettre à sa place. Elle veut comprendre, et ce qui lui arrive et ce que les autres, les animaux le plus souvent, pensent, disent, font, comment ils se comportent. Rien ne tombe sous le sens pour elle, tout est sans cesse à remettre en question.


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A lire aussi, ce commentaire, condensé de pistes prégnantes, laissé sur le site de l'émission de France Culture sur Lewis Carroll. On y trouvera également une belle bibliographie :
Rien sur tous les problème logiques et mathématiques qui font la matière des deux volumes d'Alice [...] Il eut mieux valu écouter Lacan qui disait bien que son œuvre était celle d'un religieux logicien et qu'il fallait conserver les deux facettes. [...] Rien non plus sur les lectures que fit Borges [ou sur] "Logique sans peine" dont la lecture éclaire souvent Alice, [rien] sur la lecture qu'en fit Deleuze (très contestable), [ou] sur l'usage qu'en font les logiciens.
Pourquoi ne pas avoir invité Marina Yaguello, professeur émérite de linguistique à Paris 7 et auteur d'un "Alice au pays du langage" où elle présente certaines questions linguistiques et logiques mises en scène par Lewis Carroll ?
Sur Borgès justement ! Borges, lui-même très mathématique et onirique. Passage dans un billet sur un livre qui n'a par ailleurs rien à voir avec le sujet :
... ce qui reste troublant, derrière l’apparat du livre [...] c’est cette oscillation entre réel et univers inventé. Les porosités, qui relient ces deux côtés, en arrivent à nous tromper, à faire que nous ne puissions pas discerner dans l’enchevêtrement [...] des précisions circonstancielles, ce qui provient de l’imagination de Borgès, de ce qui a eu réellement lieu...

... la construction de l’identité de soi (le passage avec Alice [...] sur le fait de devenir reine, de faire semblant de le devenir, et d’oublier que l’on fait semblant de l’être devenu), le rapport que nous entretenons avec le monde, avec sa réalité [est] en liaison étroite avec la question de la fictionnalisation.

Natik Public Library children's area.

Enfin un billet (où il y a certes à boire et à manger) sur les correspondances avec la littérature hispanophone, très familière avec le fantastique (cf. le "Réel Merveilleux" Sud-Américain) qui interroge le sens, l'absurde et le lien (significatif ?) du rêve et de la réalité :
Uno de los pensamientos que me ha fascinado siempre ha sido aquel de Coleridge cuando dice: 'Si un hombre atravesara el Paraíso en un sueño, y le dieran una flor como prueba de haber estado allí, y si al despertar encontrara esa misma flor en su mano... entonces qué?'
Es simplemente fantástico lo que plantea Coleridge. Borges decía que era un planteo sencillamente perfecto. Y sin dudas lo es, tanto desde su concepción intelectual como literaria. Esta idea de confundir (o fundir) sueños con realidad no es nuevo por suspuesto en la literatura universal. Para escribir su cuento "Las ruinas circulares", Borges se inspiró en una frase del pedófilo Lewis Carrol, el autor de "Alice in Wonderland", cuando dijo "And if he left off dreaming about you..." Pero es obvio que los conceptos intelectuales de Borges son muy superiores a los del desdichado inglés, que terminó sus días soñando lo que no pudo conseguir en la realidad. ¿Pero quién puede diferenciar realidad de fantasía o sueño, más aún en una era como la nuestra en la cual los adelantos tecnológicos tienden a borrar cada vez mas los difusos límites entre esos dos territorios? También Cortázar plantea algo similar en su cuento "La noche boca arriba", sin dudas uno de sus mejores relatos cortos. ¿Cuál es la realidad allí? El lector se engaña, hasta llegar al final mismo del cuento, en el que nos damos cuenta que también nosotros como lectores hemos sido parte de un sueño, y acabamos de despertar. Pero igual que para el protagonista, ya es muy tarde y no podemos escapar, nuestro destino está sellado.


White Rabbit - Jefferson Airplane

La idea de soñar para embellecer nuestra vida es maravillosa, (ese es el motivo fundamental del personaje del cuento de Borges, "Las ruinas circulares"), pero tiene también sus riesgos. El personaje de Borges cae lamentablemente en la desdicha de la soberbia, hasta que descubre que en realidad no es mas que otro sueño en los planes de alguien mas grande y mas poderoso, al menos para soñarlo a él. Ya su mundo no es su mundo, es de pronto el mundo de otro. Ya su sueño no es su sueño sino que es el sueño de otro, mas grande, mas poderoso, que le revela su propia insignificancia.
De todos modos, en el alma del personaje borgeano estaba la grandeza de soñar, en un círculo infinito de deseos y de aspiraciones que no deben sobrepasar nunca nuestras propias capacidades y posibilidades para no caer en la desdicha de Carroll y despertar despues de un sueño con las manos vacías.


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Goodbye Alice In Wonderland - Jewel.



Pour aller plus loin :

Quel est le point commun entre Dédale, Borges ou Kubrick ? Un objet fortement mathématique. Au passage une piste furtive de réflexion sur un élément particulier au sein d'Alice.

Le livre de Philipe Delerm, Autumn, raconte la vie des peintres préraphaélites, dont la rencontre de Dodgson (alias Carroll Lewis) avec la vraie Alice Liddell.

Tideland de Terry Gilliam.

Les conférences de Deleuze en ligne (mais bon, pour y trouver les passages où il parle de Alice, bon courage !)


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6 Comments:

At 29 janvier, 2008 02:21, Blogger Anna said...

Alors ça y est c'est la mode! Tout le monde parle d'Alice! Et puis c'est bien facile de se la péter quand on a le temps de lire et d'écrire. Moi je suis au travail monsieur, alors j'ai pas le temps de comprendre les textes en espagnol moi monsieur... Mais bon j'avoue que ça me donne des pistes. Merci beaucoup, et puis ce féroce auditeur à l'air drôle, et puis je suis contente de voir qu'il y en a d'autre qui supporte pas le coté psychanalyse à rechercher dans Alice. Bref, ça donne quand même envie de l'écouter cette émission. C'est quand que je l'ai?

 
At 29 janvier, 2008 03:14, Blogger Pilou said...

"C'est quand que je l'ai ?"

Tu l'as déjà !!!

T'es pas croyable

 
At 09 février, 2008 05:32, Blogger Unknown said...

tout ça pour recaser "white rabbit" c'est machiavélique. alors Lewis Carrol est pedofilo? tout est donc sale dans ce monde (sale, pas salé)

 
At 18 février, 2008 07:09, Blogger Pilou said...

"sale, pas salé" !!! que de souvenirs... je l'en vais de ce pas voir ce qu'est devenu l'adhémar et G-love !

 
At 21 février, 2008 06:21, Blogger Unknown said...

Pour aller encore plus loin :

http://fr.youtube.com/watch?v=Bo4A_AZH_yE

 
At 21 février, 2008 10:37, Blogger Pilou said...

Lamentable... ;-)

 

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