mardi, décembre 11, 2007

Chansons pour une prochaine génération : Face-C

La Face-B était "douce". Pas assez dedans. Aux grands maux les grands remèdes. La Face-C sonne la cavalerie. La lourde. Celle des guitares poids hors-catégorie, des doubles grosses caisses et des basses saturées qui tapent dans le plexus. Bien loin des archétypes sur le "Métal à bourrin", le "Hard chevelus", le "Heavy has-been" ou le "Trash inaudible", voici 6 chef d'œuvres incontestés de la destruction d'oreilles. Mais toujours dans la longueur. Et le lyrisme. Toujours.

1 - Metallica : One (7'21)




Avant "... And Justice For All", Metallica régnait sur le métal brutal.



Après "... And Justice For All", le monde du rock se mit à leurs pieds pour le "Black Album". Un virage grand public où se succèdent tubes ciselés (Enter Sandman) et slows virtuoses (The Unforgiven, Nothing Else Matter). Mais il faut bien l'admettre, plus rien du niveau de One.

Metallica est parti du dur (Kill Them All !) pour aller vers le mou (et attaquer Napster, mais c'est une autre histoire).
One fait le contraire.

One est orgiaque. Démesuré. Grandiose. Sans concession. Une bombe. Une tuerie. Une dernière grenade dégoupillée qui met très exactement 7 Minutes 21 secondes à vous éparpiller.
Pour beaucoup, on a toujours pas fait mieux dans le style.

Ça risque de durer longtemps.


2 - Led Zeppelin (No Quarter) :
Kashmir (12'10)



Led Zep ?.. Bah Led Zep... Le groupe dont on pense "tout le monde connait" avant de tomber en dépression en réalisant que le temps passe, que non, tout le monde ne connait pas, et que, bientôt, ce qui nous est intime ne sera plus que des lignes impersonnelles sur un bouquin d'histoire.

Pour lutter, offrons à tout le monde les 4 premiers albums du monument (voire le dernier best-of). Y compris à Mami. Collons Kashmir dans toutes les oreilles pour que l'on n'entende plus jamais un ado sortir, fier de lui : "je connais : c'est la BO de Godzilla".


Si le lien met du temps, rafraichir la page Deezer.

L'originale est sur Physical Graffiti. La version ci-dessus vient d'ailleurs.

Elle est extraite de No Quarter, retrouvailles 15 ans après entre un Robert Plant (le chanteur, pour les incultes) en pleine résurrection et un Jimmy Page (Mr. je-compose-autant-de-riffs-de-légende-que-je -veux) égale à lui-même, c'est à dire inégalable.

Ou quand le mieux n'est pas l'ennemi du bien.




3 - QOTSA : No One Knows (7'52)



Le top du rock des années 2000. Adorés de l'underground, reconnu du grand public, QOTSA est LA référence Stoner, avec ses boucles de riffs hypnotiques (stoner = défoncé).

Ce qui pourrait être répétitif devient chez QOTSA une prouesse technique d'une complexité rythmique hors norme.

Le son savamment travaillé, à la fois ultra-saturé et d'une netteté chirurgicale, et les influences psychédéliques du groupe (et sa forte consommation de tout ce qui fait voir les étoiles) débouchent sur des improvisations célestes estampillées pure 70's.

Sur le morceau ci-dessous, No One Knows est transmuté en or massif. Ici le rock lourd décide de rendre un hommage furtif au blues. Puis de devenir léger comme l'air. Et finalement de repartir à l'assaut pour défoncer, sans drogue (ou presque), plus de 30.000 personnes d'un coup.

Il y a tout : le son, la technique, l'inspiration, la connaissance du rock. Même plus besoin de sauter partout pour faire les bêtes de scène.
Chapeau bas.

No One Knows - Live at Reading 2005.


"Merci mille fois Reading ! J'espère que vous baiserez tous ce soir."


4 - Iron Maiden : Rime of the Ancient Mariner (part. 2) (8'08).


Si la caricature du Hardeux est le chevelu en cuir, Iron Maiden n'y est pas pour rien. Car la "Vierge D'Acier" (une torture médiévale) est un monument né dans les 70's.

Et il y a deux écoles face à ce bâtiment. Ceux qui n'aiment pas, qui trouvent la voix de castrat insupportable et leur imagerie grand-guignolesque ringarde.
Et ceux qui disent "Maiden", et qui vouent un culte sans borne à la grande machinerie de leurs concerts et à leur virtuosité.

Mais que l'on aime ou non, il faut avoir écouté.
Car une chose est sûre : Iron Maiden est incontournable.

Pour le prouver, le plus dur ne fut pas de trouver un morceau long et lyrique... la gageur aurait plutôt été d'en trouver un court... mais de sélectionner le meilleur. Les uns disent "The Trooper", les autres "Run To The Hill", etc. Finalement ce sera "Rimes of The Ancient Mariner".

Parce que cette épopée montre, on a tendance à l'oublier, qu'Iron Maiden est avant tout inspiré par la littérature. De Lovecraft, avec Eddy (la mascotte présente sur leurs pochettes) à Samuel Coleridge, l'auteur de "Rimes of the Ancient Mariner", poème gothique en 7 parties, les notes et les lettres sont ici inséparables.

Pour la petite histoire, Maiden (argh... grillé) est même allé jusqu'à réécrire ces rimes d'un vieux marinier, avec des touches d'anglais ancien (accent compris), pour mettre en musique cette histoire d'un marin, tueur d'un albatros, qui fut maudit par les dieux pour son geste et qui n'a été laissé en vie que pour professer aux hommes la modestie face à la nature et le respect des trépassés.

Sur cette Face-C, nous n'avons garder que la 2ème partie (4 mouvements tout de même), celle où le talent de Maiden se dévoile à ceux qui savent les écouter. Et les lire.





5 - Faith No More : Epic (4'50).





Début 90. Du Rap au Rock, Rock sur Funk, Pop et Trip-Hop. Prendre n'importe quoi. Le mettre n'importe où. Sortir le rock de l'impasse.

De ces tâtonnements, le grand public retiendra les Red Hot, Rage ou Portishead. Les premières fois où les mélanges ont fait boom.

1989. The Real Thing. Faith No More ouvre la voie avec Epic, premier assaut d'un Mike Patton qui, déjà, montre l'étendue de sa voix. Elle sait tout faire. Surtout passer du coq à l'âne avec ironie. Du cri primaire à une ritournelle enchanteresse. Patton jubile sur des morceaux tordus deuxième degré. A la Zappa.

Au fil de la discographie de Faith No More, le mélange s'affirme pour donner deux albums : Angel Dust et King For A Day, Fool For A Lifetime. Deux sommets

Après le clash du groupe, Mike Patton continue à promener son humour et ses voix sur des projets toujours plus exigeants (Mr. Bungle, Fantomas, etc.) poussant jusqu'au Free Jazz.

Reste qu'Epic, par sa simplicité, est une porte d'entrée idéale dans l'univers d'un génie.

Et puis tiens, Bonus Track !

Bonus Track : Faith No More - Midlife Crisis (4'20)





Ce qui nous fait une Face-C à 44'41 de matraquage de haute qualité.

Avis et propositions sont toujours les bienvenus !



NB : Aucune musique n'est téléchargeable sur ce blog. Tous les flux sont diffusés par des sites tiers et légaux (Deezer, The Hype Machine, Radioblogclub). Ils sont ici à disposition de manière temporaire et dans l'unique but de faire découvrir artistes et musiques... et donc de susciter l'achat.



Pour aller plus loin :


Un article de Libé sur les "Générateurs" qui servent, entre autre, à illustrer Chanson pour une prochaine génération. Ex : la K7 ci-dessus.


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