samedi, novembre 24, 2007

La peine de mort pour Trent Reznor.

Les artistes anglo-saxons sont de sacrés voleurs ! Déjà ils ne passent plus par les maisons de disques mais en plus ils appellent à ne plus acheter de CD. Et trainent les patrons de majors dans la boue. Au moment où les accords de l'Elysée entérinent une double aberration juridique, qui plus est répressive (à mort), je propose la peine capitale pour le leader (charismatique, ça aggrave son cas) de Nine Inch Nails.

« Est-ce que quelqu’un a vu le prix (du CD) baisser ? Ok, vous savez ce que ça veut dire. Volez-le. Volez et volez et volez-le encore et donnez-le à vos amis et continuez de voler. Car d’une façon ou d’une autre ces enc****és (NDR : les maisons de disques) vont comprendre qu’ils volent eux-même les gens et que ça n’est pas correct. »

Source :


Il ne faudrait pas croire que NIN est un cas isolé de rébellion. Radiohead a ouvert la brèche. D'autres les suivent. Tous attaqués par les Majors qui les accusent d'être des privilégiés (on croit rêver) qui détruisent la création (là on ne rêve plus, on est en plein délire) en cassant la solidarité entre super-groupes et jeunes talents. Il est bien connu que les créateurs ne sont ni Reznor ou M. York mais Pascal Nègre. Et que les Majors ont pour vocation la redistribution solidaire des revenus.

Le lobbying de ces dernières est en marche. Il est efficace. Mais si les artistes eux-mêmes décident de passer outre, on ne voit pas ce qui pourrait empêcher les CD de sombrer. Le modèle de Radiohead fait des petits. C'est tout.

"A l'abordage du piratage" titre Libération après le rapport Olivennes (président de la FNAC) sur le P2P et les moyens de lutter contre le téléchargement illégal. Rapport qui a donné lieu, hier, à un accord à l'Elysée en présence de Nicolas Sarkozy et de grands créateurs comme Patrick Bruel, Claude Berri ou Marc Lavoine.

Ne manquait plus que Eric Murat, supporter de l'OM (fait-il autre chose ?).



L'accord entérine une situation ubuesque. Une taxe pour la "copie privée" s'applique à tout support de stockage (disques durs, clefs USB, baladeur MP3, etc)... Alors que le droit même de "copie privée" n'existe plus depuis la loi DADVSI !

Imaginons que l'Etat instaure une taxe pour excès de vitesse. Elle s'appliquerait à toute les voitures. L'alibi : payer les frais des hôpitaux pour les victimes de la route. La contrepartie : aucune. Le vrai : combler le déficit de l'Etat. Ce serait sympa non ?

Le deuxième point , plus grave car il ne touche pas à l'argent, est le transfert de pouvoirs juridiques à une organisation justement non juridique.


Plus besoin de juge. Cet organisme, qui filtrera les connections internet (comme en Corée du Nord ?) pourra si elle le décide, ou sur demande des ayant-droits, sans passer par la case tribunal, résilier l'abonnement d'un internaute et l'inscrire sur une liste noire de "pirates".

Premier résultat, le Parti Pirate Français renait de ses cendres.

Deuxièmement, des députés de la majorité se rebiffent devant le manquement fondamental au droit et l'absence de consultation des consommateurs. Sans qui, toute tentative de changement des mentalités n'aura aucun effet.
Selon Les Echos, les députés UMP Marc Le Fur et Alain Suguenot condamnent également la mise en place d'une autorité indépendante, qu'ils qualifient de « proposition d'un autre âge ». « Ce transfert des pouvoirs du juge à une autorité administrative revient à créer une véritable juridiction d'exception pour les téléchargeurs et va à l'encontre du principe d'égalité devant la loi », indiquent-ils au quotidien.
Source ZDNet.


L'avenir du Rock.

Alors quelles solutions ? Licences globales (ou dérivés), augmentation des "plus-produits" des supports physiques (accès à des sites VIP, posters collectors, partitions, accès backstages, concerts privés, etc.), implication des acheteurs dans la promotion des ventes (légalisation des audioblogs, exonération de fiscalité des webs-radios), renouvellement de la structure des coûts (augmentation de la part des artistes), diminutions des intermédiaires, baisse des prix, augmentation de la diversité de l'offre.

Ne parlons surtout pas du rapport du Gouvernement Canadien qui décrit les effets positifs du P2P sur les ventes de disques.

N'en parlons pas, mais maintenant ?

Une contre-attaque technologique. Comme toujours.
Le crackage de Wifi et le Darknet vont se démocratiser.


Article de the Irish Examiner :
"Vous ne pouvez pas légiférez sur ce que les gens font dans l'obscurité"

Donnant raison à ce professeur de droit, dont le rapport fut enterré il y a un an, et qui démontrait l'impossibilité d'amener une preuve de culpabilité d'un pirate par le filtrage du Net du fait que les réseaux Wifi ne sont pas sécurisés. Il en appelait donc à la licence globale. Extrait du Monde :
M. Cedras concluait à l'impossibilité juridique des mesures envisagées, notamment à cause des réseaux Wi-Fi, trop perméables et ne permettant pas de savoir qui a réellement utilisé la connexion Internet filaire. Une autre faille de taille quant à la mise en place de systèmes de filtrage se situait sur le plan juridique : comment accepter que des personnes privées (les ayants droit, des associations de lutte contre le piratage audiovisuel, etc.) puissent filtrer et vérifier des échanges privés, licites ou non ? Joint par téléphone, M. Cedras, plutôt pessimiste quant à la suite de cet accord, préconise toujours une licence globale adaptée et un enrichissement des contenus des plates-formes de téléchargement légal, tout en faisant remarquer que la loi adoptée le 1er août 2006, et soutenue par M. Sarkozy, était déjà obsolète, puisqu'il est impossible de réprimer des éditeurs ou auteurs de logiciels permettant les téléchargements illicites, ces derniers étant quasiment tous "open source", donc sans auteur particulier.
Les ayant-droits, eux, affirment le contraire. La licence globale ne peut pas être techniquement viable. Et si l'efficacité juridique du filtrage est nulle, il y a une solution.



Créer une zone de non-droit (ou de plein-droits) pour les ayant-droits.
Je n'ose imaginer la popularité des artistes après les premières suspensions de lignes.

Et la courbe des ventes qui s'en suivra.

La guillotine sera-t-elle alors remise à l'ordre du jour pour Trent Reznor ? Ou les actionnaires demanderont-ils la tête de Nègre, alias "Le Grand Destructeur" à 80 KiloEuros par mois, par ailleurs parrain culturel du rapeur Booba (intellectuel-poète, héritier de Léo Ferré selon Universal) ?


The Great Destroyer - Nine Inch Nails (via Deezer)


Pour aller plus loin :

NDA : il est fort dommage que ce genre d'accord existe. Point que je n'ai pas abordé dans le billet : je suis contre le P2P pour différentes raisons. Je ne télécharge pas, je ne hacke pas, je ne cracke pas. Mais les solutions apportées au problème sont tellement loin de le résoudre et l'expression d'une telle méconnaissance, d'un passéisme et d'une volonté d'un lobby qui préfère handicaper la croissance en taxant d'autres pans de l'économie que d'admettre qu'il est malade que je suis obligé de critiquer ce qui doit l'être. Et de m'associer à mes camarades UMP pour dire que là, franchement, on écrase une fourmi avec une enclume. Et qu'en plus on la lâche à coté.






Libellés : , ,



Powered by Blogger