jeudi, octobre 18, 2007

Yeux Clairs, Voix Suave et Gueule Cassée.

Hier soir, dans un pub, je parlais avec un ami de la "nouvelle chanson française", soit disant pleine de talents (les goûts et les couleurs hein...). Nous en sommes arrivés à la comparer avec le revival du mouvement des songwriters anglophones incarnés par trois extra-terrestres. Conclusion : comment faire mieux avec moins.



1 - Le nouveau Dylan.
Horreur, encore une comparaison à la noix !
Elle est ridicule, c'est un fait. Mais elle permet de situer le monsieur.

Bright Eyes, c'est, dirons-nous, "l'héritier" de Dylan. Il s'est accaparé un nom de scène. Il n'est ni trop politique, ni trop consensuel. Il ne cède jamais au compromis artistique. Et il touche à tout (électro, expérimentation, etc.).

Mais comme Dylan, il n'est jamais aussi bon qu'avec une simple guitare.

Comme Dylan il a une sale voix. Comme Dylan, ses paroles deviennent poésie, souvent simple et lumineuse. Loin de la grandiloquence de l'auteur-compositeur qui aime se regarde créer.
Et comme Dylan le résultat donne envie, après coup, d'avoir les mêmes cordes vocales limitées.

Mais ce n'est pas Dylan.
C'est Bright Eyes. Point.

Attention ! : Ce qui suit est le plus beau clip des 10 dernières années. Je vous aurais prévenu. "The first day of my life" :



2 - Le nouveau Neil Young.

Horreur, une autre comparaison !! Oui d'accord, cf. ci-dessus.

Moins poétique, plus politique, mais néanmoins grand pote de (et produit par) Brigt Eyes, Willy Mason trace son petit bonhomme de chemin, lui aussi avec une guitare et un stylo comme seules armes pour changer le monde.

Avec sa bonne grosse bouille de mec sympa, il rentre pourtant dans le lard, avec sa petite voix suave il met le feu à tout ce qui empêche le monde de tourner rond.

Et pourtant. Rien à voir les "protest songs" ou l'attitude rebelle et concernée par tout de tous nos artistes hexagonaux, "ceux qui vont montrer leur bons sentiments comme on montre son cul à la télévision" - disait Desproges.

Peut-être parce que Willy Mason, s'il est moins poète que Bright Eyes l'est tout de même plus que tout ce qui se fait en France depuis la mort de Nougaro (exception faite de Lavillier).

Peut-être aussi parce qu'avec trois notes étouffées de guitare et moins de moyen que n'importe lequel de nos alternatifs locaux il arrive à faire plus de musique.

Et c'est peut-être finalement pour cela que des gens pas forcément d'accord avec le fondement de ses idées l'écoutent, lui et pas eux, et peuvent se dire qu'il y a du vrai. Et que même si le résultat est (a priori) naïf, c'est (a postériori) sacrément beau et efficace.

Comme ce que faisait Neil Young à ses débuts.
Mais ce n'est pas Neil Young.
C'est Willy Mason. Point.
Oxygen :


3 - Le nouveau Nick Drake, Tim Buckley, Cat Stevens, etc.

Quoi une comparaison ?... etc.
Plutôt qu'un long discours, une anecdote.

Une amie m'avait invité à l'Elysée Montmartre pour voir Keane (oui, j'avoue j'aime bien...). La première partie devait être assurée par un groupe mais, pour une raison inconnue, les musiciens n'atteignirent jamais Paris. Le pauvre chanteur, tout timide, monta maladroitement sur scène et se lança, seul, guitare en bandoulière et jambes tremblantes. Le public, pas vraiment attentif, changea radicalement lorsque de ce corps émacié du nord de l'Angleterre sortit une voix superbe, un peu roque et fragile, mais qui d'un coup se gonfle de nostalgie et emplit l'air par sa force.

Du grand art que ses enregistrements rendent mal. Et c'est un public en délire qui exigea un rappel à Stephen Fretwell, incrédule et sur le cul, heureux comme un enfant qui se demande si ce n'est pas un piège grandeur nature que lui tendent des amis chafouins. Il jeta un coup d'œil dans les coulisses pour voir s'il ne rêvait pas, et après un mouvement d'épaule, comme pour dire "bon, bah c'est pour de vrai alors ? Rholala..." il termina son set porté par un salle chavirée.

Voila. C'est ça Stephen Fretwell, un mec simple, à moitié édenté, qui joue normalement dans des petites salles et prend des verres avec ses fans. Des accords sans fioritures, des mots d'amour, de rupture, de retrouvailles, de vies plus belles ailleurs alors qu'on est ici, les pieds dans le purin. Du banal de chez banal, vu, revu, entendu et rabâché.

Mais certains arrivent à faire oublier l'odeur avec des mots de tous les jours. "S'il te plaît, est-ce qu'on peut partir, sortir d'ici... dit... si on le faisait aujourd'hui".

Et pis un mec qui demande à filmer un vrai pub prolétaire pour son clip sait de qui il parle. Même Miossec ne semble plus avoir ce talent. Quant aux autres, l'ont-ils jamais eu ?

New-York :




Pour aller plus loin :

Visitez les sites de ces trois gars !
Vous y trouverez le même sens de la mélodie, le même amour de la nature, des choses simples, (et pas de ces saloperies de saucisses Herta) et une certaine nostalgie qui ferait presque penser, toute chose étant égale par ailleurs, à la vieille chanson française.

Les paroles :
Ce serait dommage de les louper, comme son nom l'indique c'est quand même la base du songwriter !

First Day of My Life (Bright Eyes) :
This is the first day of my life
Swear I was born right in the doorway
I went out in the rain
Suddenly everything changed
They're spreadin' blankets on the beach

Yours is the first face that I saw
Think I was blind before I met you
I don't know where I am
I don't know where I've been
But I know where I want to go
So I thought I'd let you know
That these things take forever
I especially am slow
But I realized that I need you
And I wondered if I could come home

I remember the time you drove all night
Just to meet me in the morning
And I thought it was strange
You said everything changed
You felt as if you'd just woke up
And you said,
This is the first day of my life,
Glad I didn't die before I met you
But now I don't care I could go anywhere with you
And I'd probably be happy.

So if you wanna be with me
With these things there's no telling
We'll just have to wait and see
But I'd rather be working for a paycheck
Than waiting to win the lottery

Besides maybe this time it's different
I mean I really think you'll like me.

Oxygen - Willy Mason :
I wanna be better than oxygen
So you can breathe when you're drowning and weak in the knees
I wanna speak louder than Ritalin
For all the children who think that they've got a disease
I wanna be cooler than t.v.
For all the kids that are wondering what they are going to be
We can be stronger than bombs
If you're singing along and you know that you really believe
We can be richer than industry
As long as we know that there's things that we don't really need
We can speak louder than ignorance
Cause we speak in silence every time our eyes meet.

On and on, and on it goes
The world it just keeps spinning
Until i'm dizzy, time to breathe
So close my eyes and start again anew.

I wanna see through all the lies of society
To the reality, happiness is at stake
I wanna hold up my head with dignity
Proud of a life where to give means more than to take
I wan't to live beyond the modern mentality
Where paper is all that you're really taught to create
Do you remember the forgotten America?
Justice, equality, freedom to every race?
Just need to get past all the lies and hypocrisy
Make up and hair to the truth behind every face
That look around to all the people you see,
How many of them are happy and free?
I know it sounds like a dream
But it's the only thing that can get me to sleep at night
I know it's hard to believe
But it's easy to see that something here isn't right
I know the future looks dark
But it's there that the kids of today must carry the light.

If i'm afraid to catch a dream
I weave your baskets and i'll float them down the river stream
Each one i weave with words i speak to carry love to your relief.

New-York - Stephen Fretwell :
Please can we go away
Get out of here
Somehow today.
For a place that I've heard on the radio
Never sleeps.

I'll get a job in a bar,
You could be a waitress and serve cheap cigars
To fat mustachy old men in suits, you'll look cute.

Fuck what they say
Fuck it if they talk
It really dont matter.
We're going to New York.

Oh, hold on to me.
I'm gonna get you out
I'm gonna set you free.
To a place that I've heard on the radio.
Never sleeps.

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